Le parti pro-crypto de Musk a-t-il vraiment une chance ?

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Elon Musk a secouer la scène politique américaine avec un projet inattendu : la création de l’America Party, un mouvement qui promet de soutenir Bitcoin et de défendre des valeurs centristes. Si l’annonce a immédiatement enflammé les réseaux sociaux, la question reste entière : ce parti peut-il vraiment bousculer un système dominé par deux blocs depuis plus d’un siècle ?

Un parti pro-crypto… sans programme clair

L’America Party est né en réaction directe au «  One Big Beautiful Bill », un projet de loi voulu par Donald Trump, qui a relevé le plafond de la dette fédérale de 5 000 milliards de dollars tout en accordant des allégements fiscaux aux plus riches. Musk a dénoncé un retour aux vieilles habitudes : plus de dépenses publiques et moins de soutien aux énergies renouvelables.

Pour marquer son désaccord, il a promis un parti centré sur la réduction de la dette, la dérégulation et un soutien affiché au Bitcoin . Mais en dehors de quelques messages sur X et de suggestions floues de fans de Tesla, le projet reste très vague. Il n’existe ni site officiel, ni liste précise de mesures.

Fiat is hopeless, so yes

— Elon Musk (@elonmusk) July 7, 2025

Les propositions relayées par Musk parlent d’une armée modernisée avec l’IA, d’un secteur énergétique dérégulé et même de “pro-natalisme” pour répondre au déclin démographique. Mais rien ne dit comment ces ambitions pourraient être financées ni comment elles s’articulent avec le soutien aux cryptos.

Le casse-tête des troisièmes partis aux États-Unis

Musk n’est pas le premier milliardaire à rêver de briser le duopole démocrate-républicain. Andrew Yang s’y est essayé récemment avec son Forward Party, également pro-crypto et centriste. Résultat : malgré un buzz médiatique, il n’a pas percé.

Selon Collin Anderson, professeur de sciences politiques :

« Le système américain est conçu pour favoriser deux grands partis. Pour qu’un troisième émerge, il faudrait qu’un des deux s’effondre ».

Un scénario possible : si Trump quittait la politique sans héritier crédible, le mouvement MAGA pourrait imploser. C’est sur cette hypothèse que Musk semble compter pour trouver sa place. Mais pour l’instant, rien n’indique que le camp républicain soit proche de l’implosion.

Bloomberg rappelle qu’une stratégie visant à cibler quelques circonscriptions vulnérables pourrait semer le trouble à court terme. Mais pour changer vraiment la donne, il faudrait transformer la façon dont les élections sont organisées, ainsi que les motivations des électeurs.

Des ambitions politiques qui inquiètent Wall Street

Pendant que Musk multiplie les déclarations, ses entreprises ressentent déjà les effets. Tesla a vu son action chuter après l’annonce de l’America Party. Le fonds Azoria, qui devait lancer un ETF lié à Tesla, a suspendu le projet, estimant que « la politique détourne Musk de ses responsabilités de PDG ».

Même lors de ses rares engagements politiques directs, le patron de SpaceX n’a pas brillé. En mars, il avait soutenu un candidat républicain à la Cour suprême du Wisconsin en distribuant des chèques d’un million de dollars. Résultat : son favori a perdu avec dix points d’écart.

Bitcoin va-t-il vraiment profiter de l’America Party ?

Du côté des crypto-investisseurs, certains espèrent que la visibilité donnée au Bitcoin par Musk renforcera encore sa légitimité.

Mais au-delà des symboles, rien ne prouve que l’America Party puisse influencer la politique économique de Washington. Faute de programme concret, de structure solide et d’alliés influents, la tentative ressemble pour l’instant plus à un coup de com qu’à une alternative crédible.

Pour Musk, la question est simple : aura-t-il la patience, le réseau et la discipline pour transformer quelques tweets en un véritable parti ? Et même si c’était le cas, l’histoire montre qu’aucun outsider n’a jamais réussi à installer durablement une troisième force politique aux États-Unis.

Quoi qu’il arrive, une chose est sûre : la relation entre Bitcoin et la politique américaine n’a pas fini de faire parler d’elle.

Source : University of Buffalo

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